L'exposition Stanley Kubrick à la cinémathèque française
du 23.03 au 31.07.2011
L’exposition phare en 2011 est consacrée à Stanley Kubrick.
Le fonds d’archives de Kubrick renferme de nombreux et précieux documents de travail : scénarios, correspondances, documents de recherches, photos de tournages, costumes et accessoires. L’exposition, film après film, en incluant les projets non aboutis (le Napoléon, que Kubrick envisageait de réaliser, ou encore son film sur les camps, Aryan Papers), permet d’entrer dans l’envers du décor et de mieux comprendre les intentions narratives et techniques de celui qui fut un véritable démiurge du cinéma mondial, à la fois secret et fascinant.
Toutes les informations sur l’exposition sont disponibles sur le site de la Cinémathèque : http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/kubrick/
Le 31 juillet 2011, l'Exposition Stanley Kubrick fermera définitivement ses portes après avoir accueilli plus de 130 000 visiteurs !
Pour terminer en apothéose votre saison de cinéma, La Cinémathèque française vous offre la possibilité de venir visiter ou de revoir l'exposition, en nocturne, jusqu'à 1h du matin le vendredi 22 juillet !
Mathieu Orléan, Chargé des expositions à la Cinémathèque française qui nous révèle les coulisses de Stanley Kubrick, l'un des réalisateurs les plus mystérieux et prodigieux du XXème siècle.
Juillet 2011, mes souvenirs de ma visite de l'exposition Stanley Kubrick.
J'ai déjà visité cette exposition, c'était le lendemain de son ouverture. Le 24 mars 2011, et il n'y avait pas encore la foule des grands jours. Une visite agréable et très studieuse car à mon grand étonnement j'y suis resté 5 heures, soit le temps de parcourir convenablement et de s'attarder sur des détails. Ce jour là, j'ai pu croiser Ian Harlan, et le soir il y avait une conférence débat autour de l'œuvre du maitre.
L'exposition est organisée par ordre chronologique sur les deux étages de la cinémathèque qui lui sont consacrés. Cela donne un parcours par immersive progressive dans les différents aspects de la filmographie. C'est une découverte sans cesse renouvelé dans la technique, la réalisation, la composition, les décors, on s'aperçoit de l'immense travail préparatoire avant chaque film, de l'obsession du détail de Stanley. Sous nos yeux, des photos de tournages, des explications d'effets spéciaux, des caméras et objectifs photographiques, des dessins préparatoires, des documents de travail avec énormément d'annotation de l'artiste, des costumes d'origine, des éléments de décors reconstitués et d'origine, de nombreuses maquettes, des accessoires étonnants, des projections d'extraits choisis de films sur écran avec mise en perspective du making-off et d'éléments biographique. On est plongé dans l'intimité d'un réalisateur, avec l'impression de partager en accéléré des grands moments du cinéma.
Cette exposition répond à toutes les attentes puisqu'elle présente les films les moins connus du maitre, y compris ceux qu'il a renié comme l'a été son premier film Fear and Desire et plus tard Spartacus. On y découvre l'ampleur du travail apporté à de nombreux projets abandonnées en cours de pré production, comme l'ambitieux film sur la vie de Napoléon, film abandonné à la demande des producteurs, et d'autres projets inachevés comme Aryans Papers et A.I qui sera finalement repris par S. Spielberg.
Pour les amateurs de cinéma, cette exposition est un trésor, on se rend compte de l'ingéniosité et du modernisme d'un artiste en avance sur son temps. Et surtout, on continue d'en apprendre sans cesse sur l'œuvre du maitre à tel point que cela donnera envie pour tout un chacun de voir ou revoir ses films.
Cette exposition touche à sa fin, encore quelques semaines, ce sont les derniers jours pour en profiter car fin juillet, ce sera terminé. J'ai l'intention d'y retourner encore une dernière fois.
Mel Vadeker
EXTRAITS DU DOSSIER DE PRESSE
"Quiconque a eu le privilège de réaliser un film est conscient que c'est comme vouloir écrire Guerre et Paix dans l'auto-tamponneuse d'un parc d'attraction. Mais lorsqu'enfin la tâche est bien accomplie, peu de choses dans la vie peuvent se comparer à ce que l'on ressent alors." Stanley Kubrick
Pour la première fois au monde, une exposition est consacrée à l’un des grands maîtres de l’histoire du cinéma : Stanley Kubrick.
Le concept de l’exposition a été élaboré en étroite coopération avec Christiane Kubrick (épouse de Stanley Kubrick) et Jan Harlan. Certains documents d’archives et objets cultes seront exposés pour la première fois en France. On pourra ainsi découvrir le kit de survie du Docteur Folamour, le Star-Child et le costume de singe de 2001 : L’Odyssée de l'espace, les costumes de Barry Lyndon, les robes des jumelles de Shining, le casque ‘Born to Kill’ du Sergent première classe « Joker » de Full Metal Jacket et les masques de Eyes Wide Shut.
A l’occasion de l’exposition consacrée à Stanley Kubrick, la Cinémathèque française présentera l’intégralité de ses films. Grand démiurge du cinéma, Kubrick a construit une œuvre qui semble à première vue composée d’éléments hétérogènes : film noir (L’Ultime Razzia), science-fiction (2001 : l’Odyssée de l’espace), anticipation sociale (Orange mécanique), reconstitution historique (Barry Lyndon), épouvante (Shining) film de guerre (Full Metal Jacket). Mais tous ces titres, quel que soit leur genre d’appartenance, constituent une réflexion visionnaire, profonde et désabusée, sur l’homme, ses rapports avec la science et la technique, son évolution et son identité même.
L’exposition Stanley Kubrick, occupe, exceptionnellement, deux niveaux de La Cinémathèque française (5ème et 7ème étages), soit une superficie de près de 1000 m².
Cette exposition a été initialement créée par le Deutsches Filmmuseum à Francfort en 2004, en étroite coopération avec Christiane Kubrick, Jan Harlan et The Stanley Kubrick Archive at the University of the Arts London. Hans-Peter Reichmann, Directeur des expositions du Deutsches Filmmuseum, en est le Commissaire. Elle a déjà connu un immense succès public dans plusieurs villes à travers le monde : Berlin en 2005, Melbourne en 2006, Gand en 2006-2007, Zurich en 2007, et Rome en 2007-2008.
Le fonds du Stanley Kubrick Archive renferme de nombreux et précieux documents sur le travail préparatoire du réalisateur : scénarios, correspondances, documents de recherche, photographies de tournage, costumes et accessoires, ainsi qu’une minutieuse documentation sur les projets non réalisés, et par ailleurs cultes, comme son Napoléon (1968-1973).
Ces documents sont présentés en exclusivité lors de cette exposition, qui retrace également les premiers pas artistiques de Stanley Kubrick, qui débuta sa carrière comme photographe pour le magazine américain Look dans les années 40. Des dizaines de clichés, généralement inédits, provenant de la collection de la Library of Congress (Washington D.C.), prouvent que Kubrick maîtrisait déjà très jeune un sens aigu de la composition visuelle.
L’exposition est l’occasion d’entrer dans l’envers du décor et de comprendre les inventions techniques de Kubrick (le slit-scan par exemple). Les effets spéciaux y sont explicités au moyen de maquettes à grande échelle et d’installations numériques interactives.
Editorial par Costa-Gavras, Président de La Cinémathèque française et par Serge Toubiana, Directeur général de La Cinémathèque française
Notre exposition phare en 2011 est consacrée à Stanley Kubrick (du 23 mars au 31 juillet). C’est la première fois que la Cinémathèque accueille une exposition itinérante, non pas initiée par nos équipes, mais par celles d’une autre institution.
Cette exposition Kubrick doit son existence au Deutsches Filmmuseum de Francfort et à Hans-Peter Reichmann, son Commissaire, qui l’a conçue en 2004 en collaboration étroite avec Christiane Kubrick, Jan Harlan et The Stanley Kubrick Archive à Londres.
Depuis 2004, l’exposition a circulé avec succès dans plusieurs villes : Berlin, Zurich, Gand, Rome, Melbourne, avant de s’installer à la Cinémathèque.
Le fonds d’archives de Stanley Kubrick renferme de nombreux et précieux documents de travail : scénarios, correspondances, documents de recherches, photos de tournages, costumes et accessoires. L’exposition, film après film, inclue les projets non aboutis : le Napoléon, que Kubrick envisageait de réaliser, ou encore son projet de film sur les camps, Aryan Papers. Ainsi elle permet d’entrer dans l’envers du décor et de mieux comprendre les intentions narratives et techniques de celui qui fut un véritable démiurge du cinéma mondial, à la fois secret et fascinant.
De par sa taille, l’exposition sera installée sur deux étages du bâtiment de Frank Gehry, aux 5ème et 7ème niveaux, ce qui dit l’importance des matériaux exposés, y compris maquettes à grande échelle et installations numériques interactives.
L’exposition sera accompagnée d’une rétrospective des films de Kubrick, de publications diverses, livres, numéros spéciaux de magazines consacrés à l’auteur de Docteur Folamour, Lolita et Full Metal Jacket, de nombreuses conférences et tables rondes.
C’est évidemment toute La Cinémathèque française qui, durant plusieurs mois, se mettra au service d’un auteur et de son œuvre, parmi les plus importants du XXe siècle.
Avec Warner Bros., La Cinémathèque française est heureuse de voir le Festival de Cannes participer de belle manière aux quarante ans de la sortie en salles d'Orange mécanique en présentant le film, dans sa version restaurée, en avant-première mondiale.
La Cinémathèque française tient à remercier très chaleureusement Christiane Kubrick, Jan Harlan et The Stanley Kubrick Archive.
Elle remercie également Hans-Peter Reichmann et Tim Heptner, Commissaires de l’exposition, et le Deutsches Filmmuseum de Francfort.
Cette exposition est proposée avec l’aimable collaboration de Warner Bros. Entertainment Inc., Columbia Pictures Industries Inc., Metro Goldwyn Mayer Studios Inc., Universal Studios Inc., SK Films Archives LLC.
Grâce au mécénat de Warner Bros. et Canal +.
La Cinémathèque française remercie ses deux grands mécènes, Neuflize OBC et Groupama. Elle a reçu le soutien de Kodak, la Fnac et le Comité régional du tourisme Paris Île-de-France. L’exposition Stanley Kubrick a pour partenaires médias : Ciné Cinéma, Dailymotion, Allociné, Les Inrockuptibles, Positif, Trois Couleurs, France Inter et Paris Match.
Remerciements tout particuliers à Iris Knobloch, PDG de Warner Bros. France, Olivier Snanoudj, Vice- Président Distribution de Warner Bros. France, Michel Ciment et Eric Garandeau, Président du Centre national du cinéma et de l’image animée.
Costa-Gavras, Président de La Cinémathèque française
Serge Toubiana, Directeur général de La Cinémathèque française
Extraits du catalogue officiel de l'exposition
Dans la préface du catalogue officiel de l'exposition Stanley Kubrick, Christiane Kubrick, Jan Harlan et Hans-Peter Reichmann évoquent la genèse de cette exposition et reviennent sur la figure de Stanley Kubrick.
Christiane Kubrick - Actrice d’origine allemande, Christiane Kubrick épouse Stanley Kubrick en 1958. Elle est l’interprète de la chanson allemande dans Les Sentiers de la gloire et signe certaines peintures et sculptures des décors des films Orange mécanique et Eyes Wide Shut.
Au cours des 43 années durant lesquelles nous avons été mariés, nous n’avons jamais évoqué ce que nous ferions des effets personnels si l’un de nous venait à disparaître. (…) La suggestion du Deutsches Filmmuseum de monter une exposition qui, après Francfort et Berlin, voyagerait dans le monde entier, a été l’occasion de m’atteler à cette tâche et de rendre hommage à Stanley par la même occasion. L’objectif était de sélectionner les éléments qui mettaient le mieux en valeur l’implication de Stanley dans tous les aspects de la réalisation d’un film. (…)
Jan Harlan - Assistant-réalisateur en 1957 sur le film Les Sentiers de la gloire, Jan Harlan devient le beau-frère de Stanley Kubrick qui a épousé sa sœur Christiane Harlan et, à partir de Barry Lyndon en 1975, il est le producteur exécutif de tous ses films. En 2001, il réaliste le documentaire Stanley Kubrick, A Life in Pictures.
Cette idée m’a semblé étrange au premier abord. Exposer tout le matériel technique de Stanley, ses projets, ses notes, ses photos ? Cela ne me semblait pas correct d’un point de vue éthique et cela aurait d’ailleurs été impensable de son vivant. Mais après avoir mûrement réfléchi et discuté avec Christiane Kubrick, il m’est apparu possible de respecter sa vie privée, tout en révélant ses archives professionnelles pour le bénéfice du plus grand nombre, rendant ainsi hommage à ce grand cinéaste. (…) Surmonter les obstacles, c’était l’une des passions qui pimentaient sa vie, et même un trait de sa personnalité. Je songe à la phrase de Jean Cocteau : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Stanley avait la même philosophie. Nous avons donc entrepris l’impossible. Nous étions en possession d’une grande quantité de matériaux bruts disséminés dans plusieurs endroits, en Angleterre et aux Etats-Unis. (…) Il n’y aurait eu aucun intérêt à exposer tout ceci à moins de parvenir à le rendre pertinent et à susciter l’enthousiasme du visiteur, de manière à ce qu’il regarde les films de Stanley - à nouveau ou pour la première fois.
Hans-Peter Reichmann - Directeur des expositions du Deutsches Filmmuseum et Commissaire de L’Exposition Stanley Kubrick, Hans-Peter Reichmann a aussi été, entre autres, commissaire des expositions Marlene Dietrich (1998) et Klaus Kinski (2001).
On utilise beaucoup de superlatifs pour parler de Stanley Kubrick et de son œuvre. Très peu de ses contemporains l’ont rencontré réellement. Ceux qui l’ont côtoyé ont souvent été mis à rude épreuve, mais ils demeurent pleins d’admiration pour lui. (…) Stanley Kubrick était autodidacte, lisait énormément, faisait des recherches approfondies et remettait tout en question. Il élaborait des projets, qu’il abandonnait ensuite ou redéfinissait selon sa propre vision, unique et incomparable. En tant que metteur en scène et producteur, Kubrick a créé des mondes d’images qui, jusqu’à ce jour, exercent une fascination sans faille et continuent d’inspirer et de déranger le spectateur.
(…) Le plus remarquable dans l’exposition est l’interaction des matériaux bruts, décors, documents d‘archives, photographies et équipements techniques, avec les installations qui restituent l’atmosphère et les thèmes de chaque film. En outre, l’interdisciplinarité de l’exposition attire l’attention sur l’influence des beaux arts, du design et de l’architecture dans les adaptations visionnaires de Kubrick, et permet au visiteur de vivre en trois dimensions l’univers cinématographique de l’un des grands artistes du XXe siècle.
Stanley Kubrick et Warner Bros. : trente années d’une fidélité sans faille, qui marquent l’attachement constant du Studio à une politique de qualité et de novation.
Dès ses débuts, Warner Bros. orchestre la mutation la plus décisive de l’histoire du 7ème art en produisant, en 1927, le premier film parlant, Le Chanteur de Jazz. Dans les années 1930, elle est la plus engagée des majors hollywoodiennes, qui produit des films au réalisme percutant comme Je suis un évadé ou Wild Boys of the Road. En 1940, elle signe avec Le Faucon maltais un des premiers grands classiques du fi lm noir qui donne à un prestigieux scénariste : John Huston, l’occasion de passer à la réalisation. La «politique des auteurs» ne fait pas encore partie du vocabulaire, mais le concept est bel et bien né… La guerre voit fleurir certains des plus beaux titres de l’histoire du studio, dont Casablanca de Michael Curtiz et Aventures en Birmanie de Raoul Walsh, deux immenses réalisateurs étroitement liés à Warner, qui donneront à celle-ci le meilleur d’eux-mêmes. Le «style maison» atteint son apogée durant cette décennie où brillent d’un éclat particulier des stars emblématiques comme Bogart, Cooper Bette Davis, Lauren Bacall ou Joan Crawford. Les années cinquante nous offrent avec Une étoile est née de George Cukor le sommet du drame musical et consacrent les talents d’Elia Kazan, Nicholas Ray, Arthur Penn. Un tramway nommé désir, À l’est d’Eden, Baby Doll, La Fureur de vivre, Le Gaucher… alors même que Rio Bravo et L’Esclave libre sonnent l’aboutissement de l’ère classique… c’est une «nouvelle vague» qui déferle bien avant la nôtre, porteuse d’un style de jeu épidermique, convulsif qui influencera la totalité du cinéma pour plusieurs décennies.
C’est à cette époque si féconde que Stanley Kubrick réalise en indépendant ses premiers films : L’Ultime Razzia et Les Sentiers de la gloire, déjà totalement maîtrisés. C’est aussi durant ces années que débute un autre futur grand favori du studio : Clint Eastwood. En 1971, Kubrick entame sa collaboration avec Warner à l’occasion d’Orange mécanique ; la même année, Eastwood inaugure la série des Dirty Harry. Doit-on n’y voir qu’une simple coïncidence dans la riche et si diverse histoire de Warner Bros. ?
Depuis sa mort en 1999, la gloire de Kubrick n’a cessé de grandir. De son vivant, chacun de ses films créait l’événement, attirait les foules mais divisait la critique. Reconnu aujourd’hui unanimement comme un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma, son œuvre ne cesse de fasciner par la variété de son inspiration, la profondeur de son propos, la force de ses images. Pour les réalisateurs américains venus après lui, il est un modèle face au système. Il a pu en effet joindre le succès commercial à l’ambition artistique, et surtout travailler en toute liberté et en toute indépendance avec le soutien logistique et financier d’une grande compagnie, la Warner Bros, pendant les trente dernières années de sa vie. Chacun de ses films témoigne d’une audace formelle, d’une réflexion complexe tout en s’inscrivant dans un genre reconnu qu’il s’ingéniait à renouveler et à subvertir : le film de guerre (Les Sentiers de la gloire, Full Metal Jacket), de science-fiction (2001, L’Odyssée de l’espace), d’horreur (Shining), la fable politique (Dr. Folamour, Orange mécanique), le film en costumes (Barry Lyndon), l’histoire d’amour fou (Lolita), le polar (L’Ultime Razzia). Son dernier film Eyes Wide Shut désorienta sans doute encore plus mais se révéla son œuvre la plus intime, échappant à toutes les catégories.