Pazuzu n'est pas si mauvais

Mel Vadeker, 2008

A l'occasion de mes nombreuses visites au musée du Louvre, il y a des pièces importantes que je ne pouvais par rater. L'une d'elles fait partie de la mythologie mésopotamienne du 1er millénaire avant J.C. : la représentation de Pazuzu, roi des démons du vent, fils du dieu Hanbi, également désigné pour être le vent du sud-ouest qui apporte les orages.

Pazuzu a été rendu populaire depuis le succès sans précédent du film L'exorciste de William Friedkin.

[ http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Exorciste ]

Un concours de circonstance fait que ce film est pour moi plus qu'une référence, tant par le contenu cinématographique, la musique, les interrogations métaphysiques et existentielles, la référence archéologique et à l'histoire des religions. Le contenu est fort, le message est fort.

Il se trouve qu'une reproduction de la fameuse statuette est en vente dans une des nombreuses boutiques avoisinantes du Louvre.

wikipédia : Pazuzu est souvent dépeint avec le corps d'un homme mais avec la tête d'un lion ou d'un chien, avec des griffes à la place des pieds, deux paires d'ailes, une queue de scorpion et un pénis en forme de serpent. Il est aussi représenté avec la main droite levée, et la main gauche baissée, ce qui symbolise la vie et la mort, la création et la destruction. Doté d'une double paire d'ailes (qu'on trouvera aussi plus tard sur certaines représentations de chérubins ou d'anges), Pazuzu est le démon du vent du sud-ouest, connu pour apporter sécheresse et famine en saison sèche, et des Inondations lors de la saison humide. Il est invoqué pour produire des amulettes qui permettront de combattre les pouvoirs maléfiques de la déesse Lamashtu, qui blesse mère et enfant durant un accouchement. Pazuzu était aussi réputé protéger les humains de la peste et des forces mauvaises.

 

Mes ennuis commencèrent lorsque j'ai été tenté par l'achat de cette reproduction malgré son prix prohibitif. J'en fais part à mon entourage sous la forme d'une boutade. Je dois dire que les réactions furent incroyables. D'un coté on m'exhorta d'éviter de faire un tel achat, sous prétexte que cela pouvait favoriser autour de moi une atmosphère encore plus paranormale ce qui de fait me rendra quasiment infréquentable. J'étais déjà catalogué comme quelqu'un d'hors norme, en quelque sorte "un déviant" qui s'intéressait aux domaines limites et extrêmes, aux frontières du sens commun, de la science et des croyances. Voilà que j'en rajoutais maintenant en m'intéressant à la démonologie et ses ramifications dans la culture populaire. D'un autre coté on m'invita dans le cas ou j'aurai fait cet achat de le garder pour moi, de ne surtout pas le transporter dans mon lieu de travail ou à l'occasion de visites de le présenter à des proches.

Je compris aussitôt que c'était plus le film qui faisait peur, son atmosphère particulièrement angoissante et celle relative aux problèmes particulièrement troublants des transes de possession. A ce propos, j'expliquais que ce domaine a toujours fait partie de mes intérêts. La transe de possession, ses aspects ethnologiques et mystiques m'intéresse toujours. Je ne voyais pas où était le tabou mais je pense avoir compris que le point d'achoppement était le film L'exorciste qui a plus marqué les esprits que la véritable signification de la statuette Pazuzu.

Il était temps de mettre les choses au point et pour ce faire de nombreuses références sont disponibles :

sur le site du musée du Louvre , historia2004 , ezida.com et mythologica.fr

Pazuzu est utilisé comme un amulette, pour chasser le mal du corps du malade. Il y a un contresens évident entre ce que les spectateurs ont ressenti après le film et la porté symbolique de la représentation du roi des démons du vent comme une pratique de psychothérapie. Pazuzu est appelé pour conjurer à titre préventif ou en cas de crises pour chasser les manifestations de l'esprit mauvais. Cette explication à l'avantage de bénéficier d'un support historique et archéologique plutôt rassurant pour les âmes sensibles. C'était mon premier argument pour convaincre et expliquer pourquoi il ne fallait pas avoir peur.

Mon second argument qui est plus une incitation à l'interrogation qu'une démonstration, porte sous l'apparence générale de Pazuzu. La forme de la silhouette n'est pas sans rappeler celui de l'homme papillon (The Mothman Prophecies). Il s'agit là aussi de l'adaptation d'une histoire vraie au cinéma, La prophétie des ombres.

Si Pazuzu a une allure qui fait penser celle de l'homme papillon, il ne peut décidément pas être si mauvais, en tout cas je l'espère.